Thé... rrorisme juridique
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Parmi les quelques blogs sur le thé chinois que je lis régulièrement, l'un d'entre eux (pas le plus modéré dans ses propos, il est vrai) a publié voici quelques semaines de ça un article élogieux sur mon magasin de thé préferré, Langage du thé situé rue des Charpentiers à Strasbourg. En guise d'introduction, l'auteur a listé les magasins strasbourgeois les plus significatifs dans le domaine sans les nommer, en donnant son opinion à leur sujet. L'un des magasins a été décrit comme suit :
« un grossiste importateur-revendeur de thés "bio-équitable" et son jardin zen paumé au fin fond de la campagne (pour ceux qui se contentent d'un joli décor plutôt que de la piètre qualité des thés proposés; le tout étant dirigé par un couple d'anciens XXXXXXX XXXXXXXXXXX XXXXXXXX-XXXXXXXX écolos-XXXXXXX-XXXXXXXXXXXXXXXXX qui XXXXXX XX XXXXX XXXX : bref, XX XXXX XXXXX; sans commentaire !!) »
(source: le cache de Google. Les mots qui pourraient être considérés comme diffamatoires ont été censurés, puisque même une citation à titre d'illustration d'un propos diffamatoire est considéré comme diffamatoire).
J'ai appris hier que les responsables de ce magasin ont menacé l'auteur de cette critique d'un procès s'il ne retirait pas immédiatement son article. Ne voulant pas risquer un procès (qui coûterait cher en temps, en l'argent et en santé mentale), il a obtempéré, retirant tout l'article.
Je ne sais pas quel a été le motif de leur menace, mais en dehors de la diffamation ou de l'injure publique, je ne vois rien qui puisse avoir une base légale légitime, et certainement pas la critique de la qualité de leurs produits. Mais surtout, si (ça reste à vérifier) ces gens là ont exigé le retrait de l'article dans son intégralité, ce qui a pour effet de faire disparaître en particulier la critique de leurs produits et l'éloge de leur concurrent, je ne peux que soupçonner qu'ils ont cherché à faire taire un de leurs détracteurs, une technique qu'on peut qualifier de terrorisme juridique (au sens propre, « forcer en faisant peur en usant du système légal »), très à la mode ces dernières années, surtout en abusant des lois sur le copyright ou le droit d'auteur.
Cette histoire m'a aussi permis de me pencher sur la définition légale de la diffamation : juridiquement, c'est une cochonnerie qui s'oppose exactement à la liberté d'expression lorsque des personnes ou des corps sont impliqués. N'importe quelle critique impliquant directement ou indirectement des personnes peut être attaquée pour diffamation. L'injure publique, définie juste après la diffamation, est encore plus difficile à cerner, puisqu'un terme utilisé vis-à-vis d'une personne peut être considéré comme injurieux, alors qu'une autre peut en retirer de la fierté. Par exemple, je me définis moi-même comme un écolo-gaucho-altermondialiste alors qu'un capitaliste néoconservateur trouvera le terme injurieux. De même, toujours à titre d'exemple, des anciens hippies poussiéreux soixante-huitards se souviendrait avec nostalgie de cette époque, alors que d'autres se sentiraient insultés.
Quant à moi, je ne mettrai plus les pieds chez eux, et surtout, je le ferai savoir autour de moi.